Votre cadavre en ligne

Une part croissante de votre vie se déroule en ligne et y restera pour une durée indéterminée après votre mort. Ce n’est pas anodin, explique de manière convaincante le Suédois Carl Öhman, de l’université d’Uppsala. « Le corpus d’informations laissé après la mort n’est pas seulement étymologiquement mais conceptuellement analogue au corps » – au cadavre, écrit-il. Cette information est noyée dans un océan : « en 2023, on estime que l’humanité a produit en ligne chaque jour de l’ordre de 120 × 270 bits, soit 120 suivi de vingt-et-un zéros ». Mais ce que vous laissez derrière vous, vrai ou faux, compromettant ou non, reste identifiable et exploitable. Or, contrairement à ce qui se passe avec votre cadavre physique, dont le sort est réglé par une série de pratiques rituelles, contrairement aussi aux dispositions prises pour la protection des œuvres, aucune procédure n’a été mise en place pour votre cadavre virtuel. Un élément de complexité supplémentaire, souligne Scott McLemee sur Inside Higher Ed, est la possibilité croissante, merci l’IA, de transformer des « restes » numériques en « répliques fonctionnelles » de la personne disparue. Ce qu’a fait l’artiste Laurie Anderson, qui « poursuit sa collaboration avec son défunt mari le chanteur Lou Reed ». 

LE LIVRE
LE LIVRE

The Afterlife of Data: What Happens to Your Information When You Die and Why You Should Care de Carl Öhman, University of Chicago Press, 2024

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