Publié dans le magazine Books n° 94, février 2019. Par David Quammen.
L’évolution par sélection naturelle est un processus lent et graduel, pensait Darwin. Or, en milieu urbain, animaux et plantes s’adaptent à un rythme ahurissant. En témoignent les cas du moustique du métro de Londres, du lynx de Los Angeles ou de la crépide de Montpellier.
En 1965, le grand écologue britannique G. Evelyn Hutchinson, alors professeur de zoologie à l’université Yale, publiait un petit ouvrage intéressant, dont le titre est un bon point de départ pour comprendre la dynamique de la vie sur Terre – la vie dans le milieu naturel, à la campagne, en ville. Hutchinson l’avait appelé « Le théâtre écologique et la pièce de l’évolution » (1). Ce titre visait à distinguer l’environnement des processus, et les interactions immédiates des tendances à long terme. Un écosystème intègre bien sûr aussi des processus : la photosynthèse, l’herbivorisme, la prédation, la compétition… Quand les êtres vivants jouent ces rôles écologiques, ils interagissent, ils luttent pour leur survie, ils s’emploient à se reproduire, ils réussissent ou ils échouent, et l’évolution est le résultat global de ces enjeux, le grand arc narratif qui s’infléchit extraordinairement au fil du temps.
L’évolution sous l’effet de la sélection naturelle se produit « avec une extrême lenteur », n’ont cessé de penser les darwiniens depuis que
Darwin a énoncé cette idée dans
L’Origine des...