Publié dans le magazine Books n° 108, juin 2020. Par Tanya Marie Luhrmann.
La ménopause est souvent vécue dans les pays occidentaux comme une maladie. Dans d’autres sociétés, l’arrêt des règles ne s’accompagne d’aucun symptôme et confère aux femmes une autorité accrue. Cette période d’infertilité a en tout cas probablement joué un rôle majeur dans la survie de notre espèce.
En 1966, le médecin américain Robert Wilson publie
Feminine Forever, un best-seller dans lequel il propose enfin aux femmes une solution à la ménopause, cette terrible affection qui altère leur beauté, entame leur vitalité et nuit à leur bien-être général. La prise d’œstrogènes, affirme le Dr Wilson, permet aux femmes d’éviter la ménopause et de rester «éternellement féminines».
Vingt ans plus tôt, la psychanalyste Helene Deutsch écrivait à propos de la ménopause dans
La Psychologie des femmes : « La femme a terminé son existence en tant que créatrice d’une vie nouvelle, elle a atteint sa fin naturelle [...] en tant que servante de l’espèce. [...] Avec la disparition du service reproducteur s’évanouit sa beauté, et aussi en général l’émanation vivante et chaude de la vie émotionnelle féminine.»
1 Cette sombre vision transparaît dans
Le Deuxième Sexe, de Simone de Beauvoir.
Au moment où paraît
Feminine Forever, la révolution sexuelle a persuadé de nombreuses femmes que la sexualité é...