Une valeur fausse : Hannah Arendt
Publié dans le magazine Books n° 11, janvier-février 2010. Par Bernard Wasserstein.
Pensée décousue voire incohérente, concepts flous, approximations historiques… Le réquisitoire n’est pas tendre : aux yeux de l’historien Bernard Wasserstein, spécialiste de l’histoire juive et israélienne, l’œuvre d’Hannah Arendt, figure majeure de la pensée politique contemporaine, doit être totalement reconsidérée. Prenant au mot celle qui se situait elle-même « quelque part entre l’historienne et la publiciste », il passe au crible sa méthodologie historique, souligne les contradictions de sa pensée sur le totalitarisme et fustige la « perversité » de sa vision du monde. S’il juge louable son rejet du discours apologétique juif, il accuse la philosophe-historienne d’avoir versé dans l’extrême inverse. Son insistance sur la « coresponsabilité » des Juifs s’expliquerait, selon lui, par une « surexposition » à la littérature antisémite et nazie, dont témoigne l’utilisation douteuse qu’Arendt fit de ces sources. Issu d’une conférence, l’article, publié dans le prestigieux Times Literary Supplement, a provoqué un intense débat dans le monde anglo-saxon.