Vade-mecum de la torture moderne
Publié dans le magazine Books n° 5, mai 2009. Par Julian Burnside.
Où l’on passe en revue les différents supplices utilisés par certaines démocraties. La règle d’or : provoquer une souffrance intolérable sans laisser de traces physiques.
Il doit y avoir une région de l’esprit humain qui jubile secrètement à l’idée de faire subir une souffrance insupportable. Sinon, comment expliquer le fait que toute civilisation en tout temps ait eu recours à la torture ? Comment expliquer la cruauté fanatique et la terrifiante ingéniosité propres à l’art du tortionnaire ?
Le livre de Darius Rejali passe en revue diverses méthodes de torture. Il est affligeant de constater qu’après avoir été confronté à mainte description de nombre des techniques employées, notre esprit tende à s’y accoutumer. La réaction d’horreur initiale se dégrade par étapes en une sorte de froid détachement, à mesure que se répète la description des détails des différentes formes de supplice. Peut-être est-ce le même mécanisme qui permet aux tortionnaires de survivre sans devenir fous. Mais, même au sein du monde dément de la torture, on trouve des principes directeurs et comme une taxinomie. La torture est soit évidente soit secrète ; elle s’affiche ou se nie ; vise à punir et mettre en garde, ou à extorquer des renseignements. Ce sont là les principaux paramètres...