Mein Kampf, une œuvre strictement personnelle

La genèse embrouillée de Mein Kampf a longtemps alimenté la rumeur selon laquelle Hitler n’en était pas le seul auteur. Rumeur trompeuse. D’abord désireux de régler ses comptes après le putsch manqué de Munich, le leader nazi conçoit entre les murs de la prison de Landsberg un projet d’une tout autre ampleur. Seul.

S’il avait pu imaginer qu’il deviendrait un jour chancelier, a parfois prétendu Hitler, il n’aurait jamais écrit Mein Kampf. C’était une coquetterie. Le président du NSDAP était, à l’évidence, fier de son œuvre. Il l’offrait volontiers avec une dédicace personnelle. Non seulement ce livre fit de lui un homme riche, mais il l’aida à affirmer son leadership au sein de l’extrême droite nationaliste et à se mettre en scène : des politiciens comme lui, à la fois hommes d’action et théoriciens, n’apparaissent que très rarement dans l’histoire, expliquait-il pompeusement. Mais dans quelle mesure Mein Kampf est-il l’œuvre d’Hitler ? Se pourrait-il que d’autres l’aient écrit avec lui ou aient eu au moins une influence sur le manuscrit ? Notre démagogue de brasserie ne s’étant jamais distingué auparavant comme auteur (bien qu’il se présentât comme tel depuis longtemps), ce genre de soupçon se conçoit aisément. La genèse embrouillée de l’ouvrage y contribua. Le public apprit début juillet 1924, par un communiqué de presse, que le putschiste incarcéré à Landsberg...
LE LIVRE
LE LIVRE

Mein Kampf. Une édition critique de Adolf Hitler, Institut für Zeitgeschichte, 2016

ARTICLE ISSU DU N°75

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