Une mère humiliée

Si un éditeur décide de publier en France le dernier roman d’Ariana Harwicz, il n’aura aucune difficulté à traduire le titre : « perder el juicio » en espagnol et « perdre le jugement » en français ont le même double sens dans les deux langues : perdre un procès… ou la raison.


Perder el juicio raconte l’histoire de Lisa, une mère juive argentine installée dans la campagne française ayant rompu avec son mari français et sa belle-famille, quelque peu antisémite. Plongée dans une spirale de désespoir après avoir perdu la garde de ses jumeaux lors d’un procès, elle décide de déclencher un incendie et d’enlever ses enfants.


Lisa se bat contre une société qui la juge sans la comprendre et contre un système qu’elle estime injuste. C’est une mère perdante, humiliée et désespérée, qui ne peut s’abstraire de sa judéité et qui fera souffrir ses enfants en pensant punir leur père. La violence est omniprésente, sous toutes ses formes : les cris et les bousculades lors des disputes du couple ; la sauvagerie des ébats sexuels pendant les trêves ; le mépris de la belle-famille ; la décision de la justice qui sépare les enfants de leur mère et confie la garde au père.


« Je pars toujours du principe que mes livres mettent en scène ce dont je ne suis pas capable. Je laisse toujours mes personnages enfreindre la loi à ma place » confie-t-elle au portail InfobaeEn l’occurrence, ce roman est inspiré d’un événement qu’Ariana Harwicz a vécu elle-même. « J’ai traversé une épreuve très lourde qui a duré de nombreuses années », dit-elle aussi. 

LE LIVRE
LE LIVRE

Perder el juicio de Ariana Harwicz, Anagrama, 2024

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