Une crapule, Cervantès ?
Publié dans le magazine Books n° 123, janvier-février. Par Pauline Toulet.
« Si aujourd’hui, les artistes et les écrivains se doivent d’être alcooliques, toxicomanes, incestueux ou fêlés, il fut un temps où ils avaient un statut similaire à celui des saints, observe El País. [...] Il n’est donc pas surprenant que les biographes de l’ère romantique aient tenté par tous les moyens de faire de leurs protagonistes des saints laïcs. Et c’est ce qui s’est produit avec Cervantès. Il aurait été inconcevable, au XIXe siècle, que le plus grand écrivain de notre pays fût une crapule. Résultat : toutes les précédentes biographies – même les bonnes – déforment, taisent ou cachent ce qui, chez lui, pourrait être vu comme immoral. » Toutes les précédentes sauf la dernière, celle que vient de publier Santiago Muñoz Machado, l’actuel président de l’Académie royale espagnole (l’équivalent de notre Académie française). Fruit de quatre années de travail, cette somme de plus de 1 000 pages passe pour une œuvre totale, une véritable « encyclopédie cervantine ». «&...