Publié dans le magazine Books n° 16, octobre 2010. Par Helen Epstein.
Depuis vingt ans, l’avocate Sunny Schwartz combat de l’intérieur un système qui conduit les deux tiers des détenus à récidiver. En obligeant les criminels à regarder leurs actes en face et en les aidant à s’affranchir d’une culture de l’honneur destructrice. La démarche désole ceux qui font de la lutte contre les inégalités un préalable, mais les résultats sont encourageants.
Le système carcéral américain est dans un état catastrophique : 2,3 millions de personnes sont aujourd’hui derrière les barreaux dans ce pays, cinq fois plus qu’en 1978. Notre taux d’incarcération est désormais le plus élevé au monde (1). De nombreux prisonniers, pour ne pas dire la plupart, ne devraient pas se trouver là ; 16 % des détenus adultes souffrent de problèmes mentaux et relèvent de la médecine. 16 %, c’est également la proportion de mineurs que comptent nos prisons. Si rien ne prouve que les Noirs sont plus enclins à consommer de la drogue que les Blancs, ils courent six fois plus le risque d’être incarcérés pour infraction à la législation sur les stupéfiants (2). La plupart de ceux qui le sont n’ont aucun antécédent grave et ont généralement été arrêtés pour simple possession de drogue.
Les violences, sexuelles ou autres, sont monnaie courante en prison : environ 20 % des détenus en font état. Non seulement ces « fabriques de monstres », comme les surnomme Sunny Schwartz, ne font guère pour interrompre le cycle de la violence, mais elles semblent même l’accentuer. Les deux tiers...