Un virus idéologique issu du postmodernisme
Publié dans le magazine Books n° 118, mars-avril. Par Jonathan Church.
Au fondement du « wokisme » et de la cancel culture : la théorie de la « justice sociale ». Et au fondement de celle-ci : les nouveaux habits de la philosophie postmoderne, développée à l’origine par des auteurs français.
En 1964, l’historien américain Richard Hofstadter publiait dans Harper’s Magazine un article sur le caractère paranoïaque de la politique aux États-Unis. « La politique à l’américaine, avançait-il, a souvent été une tribune pour les mécontents férus de théories du complot. » En l’occurrence, une bonne partie des élites au sein des grandes institutions américaines semble être d’avis que toute personne exprimant une inquiétude à propos de ce qu’il est convenu d’appeler la cancel culture témoigne de cette mentalité paranoïaque. En juillet 2020, 150 artistes et écrivains ont signé dans ce même Harper’s Magazine une lettre ouverte dénonçant l’émergence d’un « nouvel ensemble de valeurs morales et d’engagements politiques qui tend à affaiblir le débat public et la tolérance à l’égard des idées différentes, au profit d’un conformisme idéologique ». Beaucoup ont réagi en se moquant de ces craintes, les jugeant « paranoïaques » ou émanant de « privilégiés ». Peu avant le tollé provoqué par cette lettre ouverte,...