Un homme au-dessus des autres

La société ne voulait pas de lui. Pourquoi ne cherchait-il pas à se rendre nécessaire ? C’est parce que, dans l’instant où il s’efforcerait de s’intégrer à cette société qui ne voulait pas de lui, il se perdrait lui-même. Dôya avait la conviction qu’il valait mieux que les hommes du commun.

Dôya était marié. Dans la mesure où il avait fait d’une femme son épouse, il était de son devoir de subvenir à ses besoins. Même si de son côté il se satisfaisait d’être une momie, il n’avait pas le droit de laisser sa femme mourir de faim. Cependant celle-ci, loin de courir le risque de perdre sa vitalité, vivait dans un mécontentement perpétuel. La première fois, quand il avait quitté Echigo, Dôya avait tout expliqué à sa femme dans le menu détail. Elle l’avait alors approuvé sans réticence, se mettant sans attendre à faire les malles. Quand il quitta Kyûshû, il lui narra une nouvelle fois la situation. Cette fois, elle se contenta de dire : « Encore ? » sans faire d’autre remarque. Les paroles qu’elle prononça quand il s’éloigna de la province de Chûgoku avaient le ton du reproche, quoique léger : « Quelqu’un d’aussi têtu que vous ne saurait trouver sa place nulle part ! » Trois fois en sept ans, elle l’avait suivi, sans seulement savoir où elle allait, et chaque départ l’avait insensiblement détachée de lui. Si elle...
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Rafales d’automne de Un homme au-dessus des autres, Éditions Philippe Picquier

ARTICLE ISSU DU N°60

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