« Tu sais que tu adores la mer… »

Son bateau et la pêche occupent une telle place dans la vie et l’œuvre d’Hemingway qu’on se demande s’il pêchait pour pouvoir écrire ou écrivait pour pouvoir pêcher.


Joe Russell et Ernest Hemingway, Ernest Hemingway Photograph Collection, JFK Presidential Library
Hemingway compte au nombre des grands écrivains maritimes, type Melville ou Stevenson. Enfant, il passait ses vacances au bord d’un lac du Michigan et était déjà un pêcheur acharné. Plus tard, la mer est venue remplacer le lac, dans sa vie comme dans sa littérature : il « avait besoin d’étendues d’eau sans limites visibles et de poissons dont la taille était aussi théoriquement sans limites », écrit son biographe Paul Hendrickson (1). « Tu sais que tu adores la mer et que tu ne voudrais pas être ailleurs. Elle est juste là, avec le vent qui l’ébranle, les courants qui l’ébranlent et qui livrent bataille à sa surface », note-t-il dans le premier volet de sa trilogie maritime Îles à la dérive. En quelques mots, tout est dit. La mer symbolise, à sa façon, l’essence même de l’écriture : une surface lisse où l’important n’est pas exprimé mais livré à l’intuition du lecteur. Ce que Nelson Algren, l’écrivain qui avait tant ému le cœur et le corps de Simone de Beauvoir, appelait dans son essai sur Hemingway la théorie de l’iceberg : 15 % de dit pour 85 % de non-dit (2). Mais,...
LE LIVRE
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Îles à la dérive de Ernest Hemingway, Folio Gallimard, 2012

ARTICLE ISSU DU N°78

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