Trop sensibles pour ce monde toxique
Publié dans le magazine Books n° 115, septembre-octobre 2021. Par Michele Pridmore-Brown.
Soudainement, ou alors petit à petit, leur corps fait barrage : nourriture, habitation, atmosphère, tout devient souffrance. Ces « sensibles », sujets aux maladies environnementales, seraient quelque 55 millions aux États-Unis. Le journaliste Oliver Broudy a mené l’enquête sur ces individus qui, à l’instar des canaris qui annonçaient les coups de grisou dans les mines, devraient nous alerter.
D’après les chiffres cités par Oliver Broudy, 12,8 % des Américains souffrent d’une hypersensibilité chimique altérant leur qualité de vie.
Brian Welsh était un Américain sans histoires. Il a grandi dans le Midwest, où il était un lycéen plutôt extraverti et apprécié. Adulte, il a commencé à travailler dans une scierie, puis comme technicien médical. Il s’est marié, s’est installé dans une petite maison. Il avait la plaisanterie facile. Sa vie roulait… jusqu’à ce qu’elle déraille.
Du jour au lendemain – c’est du moins son impression a posteriori –, il s’est trouvé comme éjecté de son existence par l’irruption de symptômes incompréhensibles. D’abord, ce sont des vapeurs de peinture qui ont commencé à lui faire tourner la tête, puis divers parfums se sont mis à lui donner des palpitations. Ensuite il n’a plus supporté certains aliments, dont la liste n’a fait que s’allonger. Il était perpétuellement fatigué et avait l’impression de tomber dans un puits sans fond saturé d’invisibles menaces toxiques. Il était devenu, en quelque sorte, allergique à ce qui fait l’essence du monde moderne : solvants, poudres, solutions, carburants, vapeurs. Ses angoisses se multiplièrent, il se mit à se comporter bizarrement. Sa femme demanda le...