Trop ou pas assez d’autistes ?
Publié en mai 2024. Par Books.
Salué par une noria de psychologues et neuropsychologues américains, le livre que leurs collègues Donna Henderson et Sarah Wayland consacrent au « spectre autistique » est un bestseller. Leur propos est simple : « Bien que notre compréhension de l’autisme ait beaucoup progressé, de nombreux individus restent non diagnostiqués ». Il y a beaucoup plus d’autistes qu’on le croit, car « nombre d’aspects de l’autisme ne sont pas inclus dans les critères diagnostics actuels », et, de plus, quantité d’autistes savent « camoufler leurs traits autistiques ». Les auteures se réclament du courant de la « neurodiversité affirmative » et présentent leur livre comme un guide destiné aux praticiens.
Cette approche ne fait pas l’unanimité. Jill Escher, qui préside le National Council for Severe Autism, plaide au contraire pour un resserrement du concept d’autisme, afin de bien distinguer entre l’autisme sévère, qui se traduit par de graves déficits fonctionnels, et des symptômes légers qui parfois se traduisent, à l’inverse, par des facultés exceptionnelles. Le diagnostic d’autisme « couvre aujourd’hui un éventail absurde incluant des personnes excentriques comme Elon Musk, des artistes sensibles comme la chanteuse Sia et des athlètes comme Tony Snell », dont certains « sont tellement performants que je considèrerais mes enfants comme complètement guéris s’ils avaient de telles facultés ».
L’inflation des diagnostics concernant l’autisme a été renforcée par la décision des auteurs du DSM-5, dernière version du manuel de référence de la psychiatrie américaine, de supprimer le syndrome dit d’Asperger. Résultat : le « spectre autistique » est un « concept nébuleux sans frontières bien définies », observe le journaliste Jason Garshfield dans le magazine en ligne Quillette.