Ils traquent les insectes
Publié dans le magazine Books n° 109, juillet/août 2020. Par Gretchen Vogel.
Si la communauté scientifique a pu prendre la mesure de l’effondrement de certaines populations d’insectes, c’est notamment grâce aux efforts d’un groupe d’entomologistes amateurs de Krefeld, ville industrielle de l’ouest de l’Allemagne. Ces derniers étudient et collectent des spécimens depuis 1905.
Heinz Schwan, pharmacien à la retraite et membre de longue date de la Société entomologique de Krefeld, s’occupe d’un échantillon d’insectes qui vient d’être collecté dans un piège.
Les entomologistes appellent cela le phénomène du pare-brise. « Vous verrez que cela parle à tout le monde. On se souvient tous du temps où les insectes venaient s’écraser sur le pare-brise », constate Wolfgang Wägele, directeur de l’Institut Leibniz de recherche sur la diversité animale à Bonn. Aujourd’hui, les automobilistes passent moins de temps à gratter et à frotter. « Je ne suis pas quelqu’un d’émotif, avoue Scott Black, directeur général de la Société Xerces de protection des invertébrés, qui a son siège à Portland, dans l’Oregon. Mais cela me fait quelque chose de ne plus voir tout ce bazar sur le pare-brise. » Certains diront que les voitures actuelles sont plus aérodynamiques et donc moins meurtrières pour les insectes. Mais, lorsqu’il était adolescent dans le Nebraska, Black conduisait une Ford Mustang Mach 1, un modèle de 1969 dont les lignes épurées faisaient sa fierté. « Et je n’arrêtais pas de laver ma voiture. Elle était tout le temps recouverte d’insectes. » L’entomologiste allemand Martin Sorg a une tout autre expérience : « Je conduis une Land Rover qui a l’aérodynamisme...