Publié dans le magazine Books n° 105, mars 2020. Par Kate Brown.
Ils entendent nous libérer de notre enveloppe corporelle, ressusciter les morts et assurer ainsi le salut de l’humanité. Plus radicaux et plus spiritualistes que leurs homologues américains, les transhumanistes russes renouent avec une tradition révolutionnaire qui remonte au début du xxe siècle.
À l’heure où les scientifiques évoquent régulièrement l’extinction de l’espèce humaine, le rêve d’une humanité immortelle n’est pas pour surprendre.
The Future of Immortality, d’Anya Bernstein, est peuplé de Russes qui s’affirment transhumanistes et entendent utiliser la science et la technologie pour reléguer le vieillissement et la mort aux oubliettes de l’histoire. Les mouvements philosophiques et culturels aux contours vagues qu’ils incarnent cherchent rien de moins qu’à « transformer la condition humaine, délivrer l’humanité de ses limites biologiques, étendre la longévité et même parvenir à une véritable immortalité ».
L’auteure, une anthropologue des religions et de la pensée, affirme que les Russes sont enclins à rêver d’immortalité d’une manière plus empreinte de spiritualité que les autres mouvements transhumanistes et qu’ils se situent dans une vraie perspective d’éternité.
Même aux États-Unis, où le mouvement est puissant, plusieurs des figures de proue de la recherche sur la prolongation de la vie humaine telles que Vadim Gladichev, à Harvard, sont originaires de Russie. Le déclin démographique qui a résulté, au lendemain de...