Publié dans le magazine Books n° 98, juin 2019.
Mal conçue, gérée en dépit du bon sens, la monnaie unique condamne les pays de la zone à une croissance étique. Faudra-t-il y renoncer ?
En 2016, le Nobel d’économie Joseph Stiglitz publiait
L’Euro, comment la monnaie unique menace l’Europe (Les Liens qui libèrent). Deux ans plus tard, il commentait en ces termes l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement eurosceptique en Italie : « Ce n’est pas étonnant. Car c’est la répétition attendue du début d’un scénario déjà vu. Dans la longue histoire d’une monnaie commune mal conçue, la puissance dominante, l’Allemagne, bloque les réformes nécessaires et appelle à des mesures qui ne font qu’exacerber les problèmes. »
Pour illustrer la croissance étique que connaît l’Europe depuis l’introduction de l’euro en 1999, il observait qu’en 2000 la taille de l’économie américaine ne dépassait que de 13 % celle de la zone euro ; elle la dépassait de 26 % en 2016. « Si un pays a de mauvais résultats économiques, c’est de sa faute ; mais s’il n’est pas seul dans son cas, la responsabilité en incombe au système », ajoutait-il. Le problème est que « l’euro semble avoir été conçu pour échouer » : alors qu’il devait « apporter la prospérité à tous...