Traducteurs en quête d’auteure

Les huit traducteurs de leur idole, une célébrissime romancière polonaise, arrivent à sa maison aux abords de la forêt de Bialowieza, en Pologne, pour travailler sur son dernier livre, Szara eminencja (« éminence grise »). La maison est « une merveille de jigoku-gumi, un chef-d’œuvre en trois étages de chêne vierge ondulant ». Le jigoku-gumi (littéralement « enfer entrelacé ») est une technique de construction sophistiquée, entremêlant des tiges de bois, sans clou ni colle. Mais voilà que la romancière se conduit de façon étrange, les entraînant dans la forêt où elle leur distribue de bizarres jetons rituels, flirtant ouvertement avec le dernier venu de ses traducteurs, un Suédois. Après quoi elle disparaît, laissant un email contenant son manuscrit, avec pour objet : « Ne pas ouvrir ».


La suite, résume Jonathan Gibbs dans le Times Literary Supplement, s’enroule autour du mystère de la disparition de Rey, qu’il s’agit de retrouver, et des tensions qui montent dans la maison entre les traducteurs, qui « régressent vers une sorte d’adolescence braillarde », alcool, sexe et commérages à l’appui.


Le récit est rédigé par l’une des traductrices, une Espagnole, puis est traduit par une Anglaise. Jennyfer Croft, l’auteure de ce roman en jeu de miroirs, est elle-même une célèbre traductrice dans le monde anglophone, notamment d’Olga Tokarczuk, la prix Nobel polonaise. Elle a publié un premier roman en espagnol, qu’elle a ensuite retravaillé en anglais. Jonathan Gibbs se sent un peu perdu, dit que cela lui fait penser à Nabokov puis à Orwell, et décide qu’il lui faut le relire…

LE LIVRE
LE LIVRE

The Extinction of Irena Grey de Jennifer Croft, Scribe, 2024

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