Toujours plus de précautions
Publié le 13 mars 2020. Par La rédaction de Books.
Fermeture des établissements scolaires, des salles de spectacles, des structures sportives, des frontières… De nombreux pays multiplient les mesures de précaution face à la progression de l’épidémie de coronavirus. Les autorités françaises se fient à l’avis d’un comité scientifique.
Mais au quotidien nombre de règles de sécurité – comme l’interdiction d’utiliser son téléphone portable en faisant le plein d’essence par exemple – n’ont aucun fondement, rappellent la scientifique Tracey Brown et le journaliste Michael Hanlon dans In the Interests of Safety.
Ils ne nient pas que certaines règles sont très utiles et ont permis de sauver des vies. C’est le cas du renforcement des normes de sécurité dans les voitures (pare-choc absorbant, pare-brise en verre feuilleté…).
Mais de nombreuses règles sont édictées en imaginant le pire et en agissant comme s’il était probable qu’il advienne, soutiennent Brown et Hanlon. Il n’y a aucune preuve permettant d’avancer que l’utilisation d’un téléphone portable fera exploser une station essence ou déréglera les instruments de vols d’un avion. Cette dernière règle a d’ailleurs fini par être assouplie.
Bien des précautions ne font que participer à la mise en scène de la sécurité, tels les contrôles renforcés dans les aéroports, assurent Brown et Hanlon. Même sans l’interdiction d’emporter des liquides en cabine, il est hautement improbable que quiconque arrive à fabriquer une bombe dans les toilettes d’un avion, et dans tous les cas, bien moins plausible que la confection d’un cocktail molotov avec une bouteille d’alcool achetée légalement au duty-free. Ces mesures sont faites pour donner l’impression que les autorités agissent, pour donner l’impression aux passagers qu’ils sont en sécurité, pas pour qu’ils le soient.
Si les règles de sécurité étaient définies en fonction des preuves, la circulation des poids lourds serait interdite en centre-ville, sauvant ainsi la vie de nombreux cyclistes, soutiennent Brown et Hanlon. Ils conseillent de toujours réfléchir à l’impact des règles qui nous sont imposées, à vérifier qu’elles ne créent pas d’autres risques, qu’elles ont un fondement légal, qu’elles ne servent pas uniquement à déresponsabiliser les acteurs ou à servir une cause politique. Et le cas échéant à les contester.
À lire aussi dans Books : Peut-on hiérarchiser les risques ?, mai-juin 2017.