Les tortues des Galápagos, miroir de l’humanité
Publié dans le magazine Books n° 109, juillet/août 2020. Par Lydia Pyne.
Les tortues des Galápagos sont à la fois le symbole de l’extinction des espèces et celui des efforts entrepris pour les préserver. Mais leur histoire, depuis le fameux séjour de Darwin en 1835 dans l’archipel du Pacifique, est bien plus complexe qu’on l’imagine.
Équateur, 1999. Les employés d’un zoo évacuent une tortue géante des Galápagos après une éruption volcanique.
En cette nouvelle ère qu’est l’anthropocène, difficile d’imaginer symbole plus poignant de l’extinction des espèces que les tortues géantes des Galápagos. Ces reptiles à grosse carapace, qui mesurent 1,20 mètre et pèsent autour de 200 kilos, vivent en moyenne une centaine d’années, voire beaucoup plus. Chez les gestionnaires de faune sauvage, on évoque même l’existence d’un spécimen hors d’âge qui venait d’éclore lorsque Charles Darwin séjourna aux Galápagos, en 1835. Vrai ou faux, peu importe : cela montre que nous inscrivons l’histoire de ces tortues dans les événements de l’histoire humaine ; elles sont comme des frises chronologiques en chair et en os.
L’archipel des Galápagos a abrité durant des millénaires un grand nombre d’espèces de tortues, jusqu’à ce que leurs populations soient décimées par les pirates et les baleiniers des XVIIIe et XIXe siècles, qui s’en nourrissaient. Mais, dans la seconde moitié du XXe siècle, d’énergiques efforts de conservation ont été entrepris, et les tortues...