Température idéale de l’eau : 8°
Publié le 10 juillet 2015. Par La rédaction de Books.
State Library of New South Wales collection
Sea, no sex and cold. De la bourgeoise vêtue de la tête aux pieds, chapeau compris, et se trempant avec précaution dans la Manche, à l’étalage de chair dorée sur le moindre centimètre carré de sable disponible face à la Méditerranée, il y a toute une histoire et même des histoires, que raconte l’historien Alain Corbin dans Le Territoire du vide : L’Occident et le désir du rivage.
Au milieu du XVIIIe siècle, un médecin anglais, Richard Russell, inventa la mer. S’inspirant de traditions plus anciennes qui conseillaient notamment l’immersion dans les sources d’eau froide contre les maladies, il fonde une thérapeutique autour des bains de mer. Et fait rapidement des émules parmi ses confrères. L’idéal est de tremper brutalement le sujet dans des eaux froides (8°) pour, grâce au choc, à l’effroi, au saisissement, lutter contre la mélancolie, l’hystérie, la stérilité et même le rachitisme. On accorde aux femmes, enfants et invalides, le droit au bain dit « tiède », dans des eaux à 12°.
A partir de 1755 et en moins de dix ans, on assiste à une véritable ruée sur les rivages de la Manche. Brighton et Bath se développent. Le docteur Russell caractérise la plage idéale, codifie les manières de se baigner. Il définit pour un siècle et demi environ les usages de la mer. Ou du moins, certains usages.
Des bains pour le jeu ou le rafraîchissement étaient déjà pratiqués sur certains rivages anglais et basques. Mais ces habitudes furent éclipsées par le bain thérapeutique, très codifié. Les deux modèles s’affrontent cependant, à partir de 1830, à Biarritz où les Anglais commencent à s’installer.
Peu à peu, l’aspect ludique et l’attrait pour la chaleur gagnent du terrain. Au début du XIXe siècle, la mode est au bain tiède. Mais les médecins continuent de s’en mêler et, quelques décennies plus tard, ils vanteront les vertus du soleil.