Tel Hannibal, un grand perdant de l’Histoire

Il se crut César, et toujours on le compare à César. Il ne fut qu’un moderne Hannibal. Même extraordinaire brio militaire, même suite époustouflante de victoires… Mais, dans les deux cas, l’échec final était inéluctable.
Une morale s’impose : le génie n’empêche pas l’aveuglement. Le favoriserait-il ?


« Le départ de la côte et la fin de la farce de l’invasion ». Confronté aux armées de la Troisième Coalition, Napoléon renonce en août 1805 à envahir l’Angleterre.

La phrase qui ouvre La Chartreuse de Parme est l’une des plus célèbres qu’ait jamais écrites Stendhal. Je me souviens qu’à 17 ans elle m’avait fait vibrer. Elle a quelque chose de grandiloquent, et, à 17 ans, on aime Corneille et la grandiloquence, ou alors on est déjà un garçon bien sage. « Le 15 mai 1796, le général Bona­parte fit son entrée dans Milan à la tête de cette jeune armée qui venait de passer le pont de Lodi, et d’apprendre au monde qu’après tant de siècles César et Alexandre avaient un successeur. » Aujourd’hui, je reconnais volontiers que cet incipit est un peu solennel, presque emphatique, et qu’il détonne dans l’œuvre par ailleurs si vive et ironique de Stendhal. Cela ne le rend pas moins bouleversant, au contraire : ne trahit-il pas justement une sincérité touchante, l’émotion de l’homme mûr chez qui l’âge (il a 55 ans quand il écrit – ou plutôt dicte – le roman ; il mourra trois ans plus tard) n’a pas émoussé les enthousiasmes de la jeunesse ?
Avec le...

LE LIVRE
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Napoléon de Jacques Bainville, Tallandier, 2012

ARTICLE ISSU DU N°114

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