Publié dans le magazine Books n° 46, septembre 2013. Par Richard Parry.
La Corée du Nord n’est pas une nation de zombies dirigés par des fous. Et malgré les bruits de bottes et les rodomontades du printemps dernier, la guerre n’aura pas lieu. Car, dans cette partie où tous les joueurs se tiennent par la barbichette, le premier qui tirera aura une défaite. Et le sait. Il n’y aura pas davantage de changement de régime. Car tout le monde, sauf la population, a intérêt au statu quo.
Le Choco Pie est un biscuit étouffe-chrétien, emballé en petits sachets individuels, fourré de marshmallow et enrobé de chocolat. En Corée du Sud, il est aussi emblématique de l’enfance que le sont, ailleurs, la barre Mars et le carambar. Cette confiserie fabriquée par Orion, une entreprise de Séoul, est exportée à travers l’Asie et consommée dans tous les pays situés sur l’arc qui va du Japon à l’Ouzbékistan. Il se trouve qu’en 2004 les industriels sud-coréens se sont prêtés à une expérience de coopération sans précédent entre les deux frères ennemis, en implantant leurs usines dans la zone économique spéciale de Kaesong, en Corée du Nord ; une initiative au cœur de la politique de la main tendue que Séoul menait alors sous le nom de « sunshine policy ». Outre les managers sud-coréens, la technologie industrielle, les lignes de téléphone et une autoroute, ils ont apporté dans leurs bagages le Choco Pie.
Car il s’en est fallu de quelques mois pour que les nouveaux patrons commencent à glisser un ou deux biscuits à leurs employés, en guise...