Publié dans le magazine Books n° 69, octobre 2015.
Une biographie dessinée de la peintre emblématique des Années folles révèle la personnalité à la fois attachante et insupportable de cette artiste polonaise, aristocrate jusqu’au bout des ongles et militante acharnée de l’émancipation des femmes.
Mondaine, cultivée, théâtrale, mégalomane, nouvelle Sapho aux mœurs débridées et aux allures de femme fatale, mariée deux fois à de richissimes aristocrates (Tadeusz Lempicki et Raoul Kuffner), d’abord comtesse, puis baronne, Tamara de Lempicka est une icône de l’Art déco, la portraitiste attitrée de la jet-set des Années folles. Quand les historiens évoquent ce mouvement, ils parlent surtout d’art décoratif et d’architecture (du verrier René Lalique ou des façades d’immeubles d’Eileen Gray), rarement de peinture. Il faut dire que l’art pictural de cette époque (1920-1935) est d’abord dominé par le cubisme, le dadaïsme ou encore le surréalisme, et compte avec des monstres comme Picasso, Dalí, Matisse ou Braque.
Pourtant, les toiles très caractéristiques de Tamara de Lempicka, ces portraits de femmes diablement sensuels, d’une esthétique qui oscille entre imagerie publicitaire et langage cinématographique, illustrent à merveille cette période de reconstruction de l’après-Première Guerre mondiale, avide de modernité, de jouissance et de liberté. Des tableaux à la gloire des icônes des Années folles, les garçonnes, que les nus de...