Le stylo fait de la résistance

Dans les écoles primaires américaines, la priorité est donnée à la maîtrise du clavier. Mais beaucoup voient dans le déclin de l’écriture cursive une perte d’identité et d’intelligence. Tout porte à croire pourtant qu’ils n’ont pas à s’inquiéter.


© Stefano De Luigi/Vii/Redux/Rea

Apprendre à écrire ou à coder ? En Estonie, les enfants s’initient à la programmation informatique dès le CP, une classe traditionnellement dévolue à l’enseignement de l’écriture manuscrite.

Dans le socle commun de connaissances et de compétences (1) établi aux États-Unis en 2010, l’écriture manuscrite était reléguée au second plan, derrière l’écriture au clavier. Les établissements scolaires devaient désormais faire en sorte que tous les élèves possèdent « une maîtrise suffisante du clavier » dès le CM1, les « bases de l’écriture scripte », ou en carac­tères d’imprimerie, n’étant enseignées qu’en grande section de maternelle et au CP. L’écriture cursive, elle, passait carrément à la trappe, au grand mécontentement de bon nombre d’enseignants, de ­parents et d’élus. ; plusieurs États et districts ont réussi, à force de lobbying, à la réintroduire dans les écoles publiques (2). À entendre les gens, on a l’impression que le déclin de l’écriture manuscrite annonce celui de la civilisation. Mais, si le but de l’instruction publique est de préparer à la vie professionnelle, il est indéniablement plus utile de savoir ­manier le clavier que le stylo. L’écriture manuscrite est encore indispensable dans quelques rares circonstances, qui seront encore plus rares lorsque les élèves de maternelle auront achevé leur scolarité. Si l’écriture scripte...
LE LIVRE
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The History and Uncertain Future of Handwriting de Anne Trubek, Bloomsbury USA, 2016

ARTICLE ISSU DU N°90

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