Stagiaires : les nouveaux prolétaires
Publié dans le magazine Books n° 27, novembre 2011. Par Roger D. Hodge.
Ni Disney ni Microsoft ni le Congrès américain ne pourraient vraiment tourner sans eux. Sous-payés – ou pas payés du tout –, comme le montre l’exemple des États-Unis, les stagiaires forment la nouvelle armée de réserve du capitalisme.
Les caractéristiques les plus révélatrices d’une société passent souvent inaperçues. Aux États-Unis, par exemple, personne ne prête vraiment attention aux stagiaires. Pourtant, le fait que pas une minute ne s’écoule sans que soient effectuées des centaines de milliers de tâches peu ou pas rémunérées constitue à l’évidence une importante évolution de notre système économique. Elle en dit sans doute long sur la valeur que nous accordons au travail. Pour Ross Perlin, l’auteur de Intern Nation, l’essor de cette catégorie d’emploi relativement nouvelle, que personne (aussi bien côté républicain que démocrate) ne remet en cause, est un signe clair de l’affaiblissement du droit du travail.
La définition même du phénomène est très variable. Les stagiaires sont-ils des apprentis, des intérimaires, des domestiques ? Les employeurs profitent souvent de ce flou, et de l’absence de contrôle, pour leur confier n’importe quel travail : mettre le courrier sous pli, servir le café, répondre au téléphone ou aller chercher les vêtements du patron au pressing. Bien entendu, tous les...
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