Splendeurs et misères du grand âge
Publié dans le magazine Books n° 118, mars-avril. Par Jean-Louis de Montesquiou.
Une disgrâce voire un « naufrage » pour certains, une libération pour d’autres : la vieillesse inspire assurément des sentiments contradictoires. Dans le livre qu’elle lui consacre, Simone de Beauvoir raconte par le menu les outrages et les joies de la sénescence.
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La vieillesse n’a pas vraiment bonne presse. Mais puisque près de 20 % des Français ont plus de 65 ans, la question mérite d’être regardée bien en face et de près. Pas besoin d’aller pour autant enquêter dans les Ehpad : la lecture, certes éprouvante, du compendium de 600 pages de Simone de Beauvoir suffit. En 1970, soit vingt ans après Le Deuxième Sexe, c’est au « tabou » du troisième âge, dont à 62 ans elle s’approchait dangereusement, que la romancière-philosophe-féministe s’est en effet attaquée. Hélas, cette nouvelle charge contre une « conspiration du silence » n’a connu ni le succès ni le retentissement de la précédente. Le sexe est plus glamour que la sénescence.
Un sujet auquel Simone de Beauvoir a consacré une place conséquente dans son immense bibliographie 1, et qu’elle a scrupuleusement étudié sur le terrain comme dans les livres. Le sien, intitulé La Vieillesse, est une somme gorgée...