Spinoza, ou le bonheur à peu de frais

S’affranchir des superstitions, s’en remettre à la raison et profiter des « passions joyeuses » : le philosophe du XVIIe siècle n’a pas attendu les ouvrages de psychologie positive pour trouver la recette.

Le bonheur n’est désormais plus seulement un droit mais une « impérieuse obligation », comme disait Gide. D’où le foisonnement de tout ce qui peut aider à atteindre ce noble but, ouvrages de philosophie, de religion ou de développement personnel. Mais, à la fin du XVIIe siècle, Baruch Spinoza avait déjà réussi l’exploit de conjuguer les trois genres dans un seul ­volume, Éthique.   Être heureux, y explique-t-il, est à la portée de tous : il suffit de s’en remettre à la raison. Et son habile théorie semble validée dans la pratique – du moins en ce qui le concerne. La vie de Spinoza débute en effet de façon sinistre : au sortir de l’adolescence, il perd coup sur coup presque tous les membres de sa famille ; puis sa fortune ; puis son amoureuse, la fille de son logeur, qui l’éconduit ; puis sa communauté, qui l’exclut de la synagogue pour impiété, le frappe d’un ignominieux ­herem (« malédiction ») et tente même de le faire assassiner. De quoi conduire au désespoir l’âme la mieux trempée. Mais, plutôt que de...
LE LIVRE
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Éthique de Baruch Spinoza, édition et traduction établies par Robert Mizrahi, Le Livre de poche, 2005. Première édition : 1677

ARTICLE ISSU DU N°106

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