Le souvenir que la Terre gardera de nous
Publié dans le magazine Books n° 109, juillet/août 2020. Par Lucy Jakub.
Dans 50 millions d’années, il ne restera plus trace des humains sur la planète et la nature non humaine aura repris ses droits. Notre extinction aura provoqué une réorganisation de la pyramide des espèces et l’apparition de nouveaux organismes, plus étonnants les uns que les autres.
« Les pattes avant du rabatteur de nuit lui viennent des ailes de ses ancêtres. Ses pattes arrière sont à présent positionnées devant ses épaules et se terminent en mains. »
En cette ère d’effondrement écologique et d’extinctions en cascade, on a comme un désir, latent chez notre espèce, de voir le monde revenir à son état naturel et sauvage. Le seul moyen, semble-t-il, est de voir les choses dans le temps long : un jour, après notre disparition, la Terre accueillera à nouveau une riche biodiversité. Le temps guérit toutes les blessures, même; si cela doit prendre des millions d’années.
Pour nous situer à l’échelle de millions d’années, nous nous tournons vers les géologues dont la spécialité est de cartographier les cycles de la Terre sur le temps long. En 2018 a été réédité After Man, un livre dans lequel le géologue écossais Dougal Dixon imagine comment évolueront les autres espèces après l’extinction des humains, dans 50 millions d’années. L’idée de départ a de toute évidence bien vieilli puisque nous nous inquiétons de plus en plus des dégâts irréparables que nous infligeons à la planète. Depuis sa parution, en 1981, le...