Souleymane Bachir Diagne, l’islam et la société ouverte
Publié dans le magazine Books n° 100, septembre 2019. Par Olivier Postel-Vinay.
Après la mort d’Averroès, on assiste à une sorte de pétrification de la philosophie islamique. II faut attendre le XIXe siècle, avec des figures comme Al-Afghani et Muhammad Iqbal, pour voir renaître une aspiration à la pensée critique.
Souleymane Bachir Diagne : « Notre histoire philosophique est faite de penseurs chrétiens latins en conversation avec des penseurs juifs, une chrétienté grecque et des philosophes arabo-musulmans. »
Une amie me disait récemment : « Cite-moi un seul penseur musulman qui illustre le bon usage de l’esprit critique. » Que vous inspire ce genre de remarque ?
Elle n’est que trop fréquente. Comme l’écrit le philosophe médiéviste Alain de Libéra, elle illustre « la méconnaissance du rôle joué par les penseurs d’islam dans l’histoire de la philosophie ». Ignorance qui, ajoute-t-il, « fournit […] un puissant instrument rhétorique...