Publié dans le magazine Books n° 46, septembre 2013. Par Lawrence Rosen.
Chargé d’une multitude de sens, le mot « charia » recouvre une réalité fort éloignée de l’idée que s’en font les Occidentaux. Les châtiments les plus extravagants sont rarement appliqués. La clause d’un contrat peut prévaloir au tribunal sur une injonction coranique. Et, en matière familiale, les femmes gagnent le plus souvent leurs procès.
Et si l’on commençait par un petit quiz ? Parmi les affirmations suivantes concernant le droit islamique, lesquelles sont justes ?
1) Les musulmanes gagnent leurs procès en matière familiale dans 60 à 90 % des cas selon les pays.
2) Bien que la législation iranienne autorise la peine de mort contre les homosexuels, la République islamique aide à financer sept fois plus d’opérations volontaires de changement de sexe que l’Union européenne tout entière.
3) Les théoriciens du droit ont toujours dominé les juges en exercice ; comme l’a confié un jour le regretté Noel Coulson, doyen des spécialistes de la loi islamique en Grande-Bretagne, « la chaire est non seulement plus confortable mais aussi plus influente que le siège ».
Si vous pensez que seule la dernière assertion est vraie, il faut qu’on parle. Elle est erronée, mais les deux autres sont justes (1).
Le terme de charia est chargé d’une infinité de sens et d’un fort potentiel polémique. Pour le musulman moyen, il peut aussi bien renvoyer à un concept juridique ésotérique qu’au mode de vie du croyant dans son ensemble. C’est aussi le marqueur de la nouvelle fracture...