Publié dans le magazine Books n° 44, juin 2013. Par Gerard Russell.
Fort de la cohésion de la communauté alaouite, le régime Assad maintient la Syrie en son pouvoir par un véritable nœud gordien. L’exploitation de la peur qu’inspire aux minorités la majorité arabe sunnite en est un élément essentiel. L’Occident ne saurait le trancher sans s’exposer à de plus grandes violences encore qu’en Irak. Sans compromis avec le système, la crise syrienne est promise à l’enlisement sanglant.
Il est difficile d’écrire l’histoire d’une révolution encore inachevée, comme le regrette David Lesch dès les premières pages du nouveau livre très fouillé qu’il consacre à la Syrie. L’un de ses précédents ouvrages s’intitulait « Le nouveau lion de Damas », jeu de mots flatteur sur le nom de famille de Bachar al-Assad. Cette fois, il prédit sa chute, même si ce pourrait être, prévient-il, l’affaire de plusieurs décennies (1).
C’est bien pourquoi il faut abréger le processus, plaide avec fougue Fouad Ajami. S’il a écrit son opus plus rapidement encore que David Lesch, le résultat, aussi profondément érudit qu’ouvertement partisan, ne s’en ressent pas (2). L’auteur est un éloquent avocat des rebelles syriens, qu’il dit abandonnés de l’Occident. Il ne bénéficie certes pas, comme Lesch, de vingt-trois ans d’expérience en matière de recherche et d’écriture sur la Syrie, mais il s’appuie sur un impressionnant éventail de sources et sur sa familiarité avec les questions de politique étrangère.
La perspective offerte par Samar Yazbek est différente. Té...