Simon Conway Morris : « La science de l’évolution reste inachevée »
Publié dans le magazine Books n° 4, avril 2009. Par Simon Conway Morris.
Comment expliquer que presque tout, dans l’histoire de l’évolution, ait été inventé plusieurs fois ? L’œil, les oiseaux, les comportements sociaux… Ce point essentiel n’est pas explicable par la théorie en vigueur, dite néodarwinienne.
Simon Conway Morris est professeur de paléontologie évolutive à l’université de Cambridge. Il doit sa notoriété scientifique à sa description de la faune de Burgess, un ensemble d’espèces vivant entre – 528 et – 510 millions d’années qui contient déjà la quasi-totalité des plans d’organisation des espèces aujourd’hui vivantes.
Qu’est ce qui, dans l’œuvre darwinienne, fait aujourd’hui consensus parmi les biologistes de l’évolution ? Le mécanisme de sélection naturelle expliquant l’évolution des espèces. On peut le résumer de la manière qui suit. Au sein d’une espèce, il existe toujours une grande variabilité des caractères des individus – la taille, la couleur du pelage, la capacité à digérer tel aliment, etc. Ceux qui sont les mieux adaptés au milieu meurent moins et se reproduisent plus, donc leurs caractères propres deviennent de plus en plus fréquents dans la population, au point, à terme, de former une nouvelle espèce. Sur la réalité de ce mécanisme, tout le monde est d’accord. Ceux que l’on appelle les néodarwiniens, qui représentent la grande...