Serons-nous aussi bêtes que les autres espèces ?
Publié en avril 2025. Par Books.
Les dystopies rédigées par des scientifiques se suivent et se ressemblent, alignant les innombrables catastrophes qui nous menacent : changement climatique, robotique, nanotechnologies, intelligence artificielle, guerre nucléaire ou biologique, etc. Celle du paléontologue britannique Henry Gee ne déroge pas aux règles du genre, mais s’en distingue par la voie d’extinction qu’il privilégie : la démographie. De la bombe explosive agitée naguère par Paul Ehrlich et bien d’autres, nous voilà passés à la bombe implosive : après le pic attendu vers le deuxième tiers de ce siècle, la population mondiale ne va cesser de décliner. Ce déclin va se traduire par un émiettement des zones habitées. Ces poches d’humanité auront perdu la faculté d’innover, ne sauront pas se protéger contre les effets du changement climatique, ne trouveront plus de quoi se nourrir et, vu notre cruelle absence de diversité génétique, seront fortement exposées à la disette et aux agents pathogènes. Nous allons donc rejoindre l’immense liste des espèces disparues (99 %, depuis les origines). La seule issue qu’il entrevoit ne déplairait pas à Elon Musk : partir coloniser d’autres planètes.
Pas très convaincant, juge le journaliste scientifique Jon Turney sur le site The Arts Desk. Lui-même auteur d’un « guide pour le futur » (The Rough Guide to the Future, 2010), il fait respectueusement observer que « l’espèce que Gee ajoute à la liste de celles menacées d’extinction est la première à avoir vu (pour autant qu’on le sache) ce qui arrive habituellement aux espèces […]. Il me paraît plausible qu’une espèce qui a une claire conscience du risque de son extinction est mieux placée que toutes celles qui l’ont précédée pour l’éviter. »