Sectes, mode d’emploi
Publié dans le magazine Books n° 122, novembre-décembre. Par Zoë Heller.
Comment des personnes équilibrées peuvent-elles adhérer à une secte ? Si l’idée d’un « lavage de cerveau » est souvent avancée, certains spécialistes évoquent au contraire un processus de renoncement volontaire au libre arbitre. Ce désir de s’en remettre à une autorité supérieure expliquerait le succès des cultes les plus farfelus, et qu’importe si les faits viennent en contredire les dogmes.
Les gourous revendiquent parfois un droit de cuissage sur les femmes de leur secte, voire utilisent la violence physique pour les exploiter sexuellement. Mais, la plupart du temps, ils préfèrent présenter l’exploitation comme une sorte de cadeau ou de thérapie : une occasion de servir Dieu, une manière d’exorciser ses « complexes », un tremplin vers l’illumination spirituelle. L’un des stratagèmes privilégiés par Keith Raniere, le leader de la secte de développement personnel NXIVM, basée à New York, consistait à dire aux femmes de son proche entourage qu’elles avaient été des nazies de haut rang dans leur vie antérieure et qu’avoir des relations sexuelles yogiques avec lui leur permettrait d’évacuer les mauvaises énergies résiduelles présentes dans leur organisme.
Selon Sarah Berman, dont le livre Don’t Call It a Cult relate les expériences des femmes membres de NXIVM, Raniere était passé maître dans l’art de manipuler les sentiments de honte et de culpabilité. Lorsqu’il finit par abandonner cette histoire...