Publié dans le magazine Books n° 95, mars 2019. Par Alexander Stille.
Les affaires d’abus sexuels sur mineurs n’en finissent pas de secouer l’Église. Le camp ultraconservateur incrimine l’homosexualité d’une partie du clergé. Mais c’est la sexualité des prêtres en général qui est en cause. Le pape François peut-il l’entendre ?
Le 25 août dernier, l’archevêque Carlo Maria Viganò rendait publique une lettre de 11 pages dans laquelle il accusait le pape François d’être au courant de certains abus sexuels commis par des prêtres ou des évêques et de les avoir dissimulés, et réclamait sa démission. C’était une déclaration de guerre de la part de l’aile conservatrice de l’Église catholique. Ancien nonce apostolique aux États-Unis, Viganò est un membre éminent de la curie romaine et l’un des plus rompus aux intrigues de pouvoir au sein du Vatican. En 2012, il a été au centre du scandale Vatileaks : parmi les documents confidentiels transmis à la presse par le majordome du pape Benoît XVI figuraient des lettres de Viganò dénonçant la corruption qui sévit au cœur du Vatican. Cette affaire a contribué à la stupéfiante renonciation de Benoît XVI l’année suivante. Furieux à présent que François ne l’ait pas fait cardinal et s’alarmant de la tendance libérale qu’il croit déceler en lui, Viganò semble résolu à éliminer le pape.
Avec les dernières accusations de Viganò, ainsi...