Publié dans le magazine Books n° 38, décembre 2012. Par Genichiro Takahashi.
Entre science-fiction, traité philosophique, poésie et roman noir (entre autres), « Sayonara, Gangsters » est une œuvre d’une originalité sidérante. Books offre en avant-première les premiers chapitres de cet ouvrage qui a révolutionné la littérature nippone.
2.
Un vieil homme vivait sur le canapé de la banque. On pourrait dire qu’il en était le propriétaire.
Le vieil homme avait 91 ans ; il se rendait chaque jour à la banque depuis 37 ans.
« La vie était comme un rêve », disait-il en regardant la télévision.
Le vieil homme ne regardait pas la télévision comme moi. Il avait une manière bien à lui.
Quand les acteurs commençaient à hurler, à ôter leurs dessous et à faire de leur mieux pour refiler la patate chaude de la responsabilité de la guerre à l’actionnaire extorqueur qui cherchait à prendre le contrôle de la compagnie, le vieil homme parlait à l’écran du téléviseur.
« Arrêtez, arrêtez ça ! »
L’avocat véreux et alcoolique qui avait été descendu dans le vieux soap par le poids plume de huitième zone de la division de l’Extrême-Orient (l’homme était à la fois le petit ami et, on l’apprenait au dernier épisode, le grand frère longtemps disparu de la belle-fille de l’avocat, qui l’avait violentée) revenait dans le nouveau soap : il jouait le rôle d’un jeune neurochirurgien perturbé par ses cauchemars sur ses...