Sauts périlleux

Les héros de Corniche Kennedy viennent rejoindre la grande communauté cinéphilique des jeunes délinquants.


© Jour2Fête / Everybody on deck

Sous un soleil éblouissant, des jeunes Marseillais s’entraînent à plonger du haut d’une falaise, observés par une jeune fille plus bourgeoise et plus énigmatique, qui va bientôt les rejoindre et semer la confusion dans cet univers apparemment édénique. Le saut et le regard – motifs éminemment photogéniques, surtout combinés à cet objet tant aimé du grand écran, la jeunesse exaltée. Logique donc que le roman de Maylis de Kerangal, Corniche Kennedy, scrutant les corps en apesanteur d’une jeunesse hâlée plus que dorée, fonctionne si bien au cinéma. Au commencement, il y a donc ces sauts vertigineux que s’impo­sent des jeunes gens, sous le ­regard inquiet des adultes. Comme l’écrivait un autre amoureux de la Méditerranée, Camus : « Ce doit être cela la jeunesse, ce dur tête-à-tête avec la mort, cette peur physique de l’animal qui aime le soleil. » Car pour ces jeunes gens, issus des milieux qu’on appelle défavorisés, il ne s’agit pas de risque, mais d’une quête éperdue d’adrénaline, rituel initiatique qui soude les membres du groupe et écarte les...
LE LIVRE
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Corniche Kennedy de Maylis de Kerangal, Folio, 2010

ARTICLE ISSU DU N°82

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