Inattendu
Temps de lecture 1 min

Ronaldo, les moustiques et l’empire espagnol


Crédit : Stephen Ausmus

Cristiano Ronaldo pourrait être la cause (indirecte) de la survenue d’une épidémie de dengue sur l’île de Madère en 2012. Les scientifiques ont pu faire le lien entre l’irruption de la maladie et le séjour de touristes vénézuéliens, vraisemblablement venus visiter le musée dédié au footballeur. Dans leurs bagages, se trouvait Aedes Aegyti, le moustique vecteur de la dengue, mais aussi du paludisme et de la fièvre jaune. L’historien J.R. Mc Neill le considère comme un acteur majeur de la géopolitique du continent américain. Dans Mosquito Empires, il écrit : « La domination espagnole fut étayée à bon compte par des moustiques et des microbes ».

L’insecte fit le voyage jusqu’au Nouveau Monde à bord des navires négriers. Nés dans des régions d’Afrique où la maladie était endémique, les esclaves étaient protégés contre la fièvre jaune. Ce fut aussi bientôt le cas des colons, que leur exposition au virus immunisa progressivement.

Mais quand les Britanniques et les Français vinrent disputer l’Amérique aux Espagnols, leurs soldats furent décimés. En 1741, 29 000 sujets de sa Majesté assiègent Carthagène et Santiago de Cuba : 22 000 mourront dans l’année, dont 1 000 seulement au combat. Le reste est l’œuvre des moustiques. Indifférent aux alliances, l’insecte se retourne contre les Espagnols quand ces derniers envoient de nouveaux contingents lutter contre les rebelles d’Amérique du Sud, au début du XIXe siècle. Sur 16 000 soldats, 90% périssent, principalement de maladies tropicales.

Aedes Aegyti et les parasites responsables du paludisme jouèrent aussi un rôle dans la révolution américaine, selon Mc Neill. Lors de la bataille de Yorktown, qui scella le sort des Anglais, 5 % des troupes de Washington étaient malades, contre le quart à la moitié des troupes britanniques, qui finirent par se rendre.

 

En savoir plus : Les moustiques, armes de destruction massive, Books, janvier 2011.

LE LIVRE
LE LIVRE

Mosquito Empires de John R. McNeill, Cambridge University Press, 2010

SUR LE MÊME THÈME

Inattendu Se reproduire sans sexe
Inattendu États-Unis : les fiascos de l’impeachment
Inattendu Manger un steak, c’est classe

Dans le magazine
BOOKS n°123

DOSSIER

Faut-il restituer l'art africain ?

Edito

Une idée iconoclaste

par Olivier Postel-Vinay

Chemin de traverse

13 faits & idées à glaner dans ce numéro

Chronique

Feu sur la bêtise !

par Cécile Guilbert

Voir le sommaire