Rentrée en plein air
Publié le 4 septembre 2020. Par Amandine Meunier.
C’est le casse-tête de la rentrée scolaire 2020 : comment concilier coronavirus et salles de classe ?
À la fin du XIXe siècle, les petites écoles exiguës étaient déjà soupçonnées de servir de terrain fertile aux maladies. Pour y remédier s’est développé à travers l’Europe un véritable mouvement éducatif : l’école de plein air. Une expérience que l’historienne et architecte Anne-Marie Châtelet qualifie d’« échec fécond ».
Ce mouvement est resté très minoritaire, peu d’écoles conformes à ses préceptes ont été construites, mais les innovations médicales, pédagogiques et architecturales qu’il portait ont laissé des traces. Contre le mauvais air de la ville et la rigidité de l’école ordinaire, ces établissements, inspirés des sanatoriums et des colonies de vacances, prônent activité physique et repos. Les exercices scolaires passent au second plan et surtout sortent de la classe. La nature est prétexte à de nouvelles formes d’enseignements fondés sur les méthodes actives, l’autonomie et la pluridisciplinarité.
L’école de la forêt
Pour Anne-Marie Châtelet, la construction en 1881 d’une école pour enfants souffrant d’anémie des quartiers populaires de Berlin marque le début du mouvement. Suivront les écoles de la forêt (Waldschulen) de Charlottenburg en 1904 et Mulhouse en 1906. Ces initiatives présentées lors de congrès internationaux sur la tuberculose et sur l’hygiène scolaire en inspirent d’autres à travers toute l’Europe et aux États-Unis. En France, une première école de plein air ouvre en 1907 à Vernay près de Lyon.
Santé, éducation et architecture
Tous les projets ne respectent pas totalement l’esprit du mouvement soucieux de la bonne santé physique et morale des enfants. Certains en font un instrument pour contrôler les classes populaires, mettre à l’écart les petits malades, voire pour les régimes fascistes et nazis, un outil au service du « renforcement de la race ».
La Seconde Guerre mondiale, la banalisation des vaccins et des antibiotiques, le recul de la tuberculose, auront raison de l’école de plein air. Le dernier congrès international du mouvement aura lieu dans les années 1950. Mais certains de ses principes perdurent : la prévention via la médecine scolaire, les salles de classes ouvertes vers l’extérieur…
À lire aussi dans Books : Dessine-moi une école, juillet-août 2018.