Publié dans le magazine Books n° 44, juin 2013. Par Alain Delissen.
Pendant huit siècles, la Corée a été dominée par une élite mi-aristocratique mi-méritocratique, dont le renouvellement était assuré par des concours très difficiles.
Pendant huit siècles, en particulier les cinq siècles de repli isolationniste – le « royaume ermite » – de la dynastie Choson (1392-1910), la Corée a été dominée par les
yangban, une élite mi-aristocratique mi-méritocratique. À l’origine, le mot yangban signifie les « deux ordres » (civil et militaire). L’accès aux fonctions dirigeantes était en principe subordonné à la passation de concours très difficiles, fondés sur le savoir confucéen. Cette élite dirigeait l’État, dominait la société, encadrait la culture et contrôlait l’économie de toute la péninsule. Cependant, du fait de cette longue trajectoire et des réalités sociales mobiles et compliquées que recouvre ce mot, l’idée de
yangban est devenue vague et opaque – illisible. Ni les simplifications de la mythologie (à Séoul ou à Pyongyang), ni les tergiversations des manuels scolaires, ni la sédimentation intimidante des travaux historiques n’en rendaient plus raison. Il était temps de faire le point. Il n’est pas sans intérêt que ce soit l’œuvre d’un historien japonais, un étranger animé par l’« intrépidité du dehors ». Il est réconfortant de voir que son...