Publié dans le magazine Books n° 43, mai 2013. Par Guillaume Carré.
Contrairement à l’image véhiculée par Les Sept Samouraïs, les paysans japonais n’étaient pas sans moyens de défense contre les guerriers.
En 1588, Toyotomi Hideyoshi, qui s’apprêtait à parachever l’unification du Japon après un siècle de guerres civiles, promulgua un édit ordonnant de collecter les armes dans tous les villages des territoires sous son contrôle. Poursuivie sans relâche, cette politique est restée célèbre dans l’histoire japonaise, sous le sobriquet de « chasse aux sabres ».
Au XVIe siècle, l’incontestable domination de la société par la violence guerrière a pu véhiculer une imagerie inexacte de campagnards sans défense face aux exactions des samouraïs, comme dans le célèbre film d’Akira Kurosawa,
Les Sept Samouraïs. Les rapports de collectes d’armes nous donnent une image bien différente : outre des monceaux d’armes blanches de toutes sortes, dont bien entendu des sabres, emblèmes de la condition guerrière, ils possédaient même parfois des arquebuses et des armures. Les sociétés villageoises de la fin du Moyen Âge apparaissent saturées d’armes, ce qui rendait d’autant plus nécessaire leur confiscation pour s’assurer que les campagnes se soumettraient effectivement aux exigences du nouveau pouvoir. Durant les guerres civiles,...