Publié dans le magazine Books n° 100, septembre 2019. Par Tom Bartlett.
Cet intellectuel hypermédiatique est de ceux pour qui l’humanité se porte bien, et même mieux que jamais. Cela lui attire railleries et quolibets. Il n’en a cure, et rend à ses détracteurs la monnaie de leur pièce.
Steven Pinker fait les cent pas dans la loge. Dans quelques minutes, il sera assis face à Fareed Zakaria, présentateur de l’émission « Fareed Zakaria GPS » sur CNN, mais pour l’instant il se concentre et préserve sa voix – une petite laryngite gêne un peu son impeccable élocution habituelle. Sur le mur, deux écrans de télévision. Sur le premier, des experts commentent le dernier tweet du président des États-Unis ; le second diffuse en boucle des images de vidéosurveillance montrant un cambrioleur s’introduisant dans un Burger King par le guichet du drive. Pinker reproche souvent aux médias d’« attiser la peur dans le pays » et de ne s’intéresser qu’aux frasques et aux scandales – un parti pris de négativité et de bêtise qui, selon lui, fausse le débat national. Le babillage provenant des deux écrans semble lui donner raison.
Et pourtant, il est là, dans les studios de CNN à New York. Steven Pinker refuse d’aller sur les plateaux s’il est sollicité en tant que simple invité pour donner son avis sur le scandale du jour. Mais, si on souhaite l’interroger sur son idée...