Qui sont les Arabes ?
Publié dans le magazine Books n° 98, juin 2019. Par Amandine Meunier.
« Les Arabes ont beau être obsédés par la pureté supposée de leur sang, ils constituent moins un peuple unique qu’un “brassage génétique et linguistique”, à l’image de leur langue extraordinairement riche, qui a évolué par à-coups à partir de langues existantes », note dans The Times le journaliste Justin Marozzi, à propos d’Arabs, de Tim Mackintosh-Smith.
Cet arabisant britannique consacre les premières pages de son histoire des Arabes à montrer que l’identité arabe a été forgée par une absence d’identité. Pendant la période pré-islamique, la péninsule arabique était peuplée de tribus éparses sous la menace constante des empires voisins.
Les Arabes avant Mahomet
La première référence à un peuple appelé « arabes » date du IXe siècle avant notre ère, 1 400 ans avant la naissance de Mahomet.
Les conquêtes du prophète et de ses successeurs, ainsi que le Coran, contribuent par la diffusion de la langue à unifier les Arabes. D’ailleurs, le Coran, premier ouvrage connu rédigé en arabe, n’est « pas seulement le texte sacré de l’islam, mais le texte fondateur de l’arabité », écrit Mackintosh-Smith.
Le totem de l'unité arabe
« Si les Arabes ont un empire aujourd’hui, c’est un empire linguistique », remarque l’historien Robert Irwin dans la Literary Review. Il voit dans l’ouvrage de Mackintosh-Smith une « réflexion très originale sur l’histoire arabe dans laquelle les connaissances étymologiques, les bribes de poésie et les anecdotes historiques (dont bon nombre sont apocryphes) sont utilisées pour éclairer le passé des Arabes et leur avenir incertain ». Marozzi abonde : « Bien qu’il s’agisse d’un livre sur les Arabes, le héros ici est l’arabe classique “riche, beau, étrange, subtil, hypnotique, magique et terriblement difficile”, “le totem suprême de l’unité arabe” », que Mackintosh-Smith maîtrise à la perfection.
À lire aussi dans Books : Les Arabes avant les Arabes, mars 2011.