Publié dans le magazine Books n° 104, février 2020. Par Sheng Yun.
En 1989, les étudiants pékinois manifestaient en masse sur la place Tiananmen pour réclamer des réformes. Leurs enfants entrent aujourd’hui dans la vie active, et la démocratie semble être le cadet de leurs soucis. Portrait un brin sarcastique d’une génération hyperconnectée et dépolitisée.
Si vous avez rendez-vous avec un hipster chinois âgé de 20 à 30 ans, il y a des chances qu’il porte une veste de marque cintrée, un jean baggy ou un legging ultramoulant et des baskets blanches. Il aura un sac en toile à l’épaule : pas n’importe quel vieux
tote bag en coton, mais l’un de ceux qui font fureur sur Instagram – celui de la
London Review of Books, peut-être. La casquette de base-ball et les lunettes à grande monture font aussi partie de la panoplie. À la différence de la génération de la classe moyenne urbaine qui les a précédés, les milléniaux chinois (nés, en gros, entre 1985 et 2000) ne sont pas particulièrement attirés par des marques de luxe comme Chanel, dont le logo tape-à-l’œil fait trop « croulant ».
Les milléniaux chinois sont le produit de la mondialisation. Comme leurs homologues occidentaux, ils ne sont pas très tentés par le mariage traditionnel. Avec un smartphone, vous diront les célibataires, on est en contact avec ses amis, on peut jouer à tous les jeux et regarder tous les films...