Quand les experts font du hors-piste
Publié dans le magazine Books n° 116, novembre-décembre 2021. Par Sebastian Dieguez.
S’il est bon d’écouter des voix extérieures à notre domaine de compétences, maints experts cèdent trop souvent à la tentation de s’exprimer sur des sujets dont ils ignorent tout.
Un mème amusant a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux ces dernières semaines. On y lisait : « J’en ai assez d’être un spécialiste des maladies infectieuses et de la virologie… Aujourd’hui, j’ai décidé de devenir un expert de l’Afghanistan ! » Sommes-nous tous devenus pareils ? Des experts à l’emporte-pièce, toutologues hyperflexibles assénant péremptoirement nos analyses improvisées au gré de l’actualité et des nouveaux sujets à la mode ?
En tout cas, nous avons de qui nous inspirer. À commencer par les experts eux-mêmes : cela semble en effet être une habitude pour nombre de chercheurs, philosophes, artistes, sportifs, écrivains et autres chefs cuisiniers, renommés pour leurs compétences remarquables dans le domaine qui est le leur, de céder aux sirènes de l’expertise tout-terrain pour s’exprimer doctement sur des choses dont ils ne savent rien, ou du moins rien de plus que n’importe quel quidam.
Mais qu’avons-nous à faire de l’opinion d’un chanteur...