Quand la pornographie tenait salon

Sulfureuse, émoustillante et scandaleuse, la littérature érotique et pornographique du XVIIIe siècle avait aussi une fonction politique. Diffusée sous le manteau, elle servait à ridiculiser les aristocrates et les prélats, à propager les idées des Lumières et même à dénoncer la domination masculine.

Il manque, dans le débat contemporain sur la pornographie, cet élément que l’on peut appréhender à travers une formule puisée dans Claude Lévi-Strauss : le sexe est bon pour la réflexion. Dans La Pensée sauvage et d’autres textes, l’ethnologue affirme que de nombreux peuples ne pensent pas à la manière des philosophes, en manipulant des abstractions. Ils pensent avec du concret – les réalités de la vie quotidienne, comme l’aménagement de la maison et les tatouages, ou des objets imaginaires tirés du mythe et du folklore. Tout comme certaines matières sont bonnes à travailler, certaines choses sont particulièrement bonnes à penser. On peut en tirer des schémas, qui révèlent des relations insoupçonnées et clarifient des frontières. Le sexe, c’est ma thèse, est l’une de ces choses. À mesure qu’elle se fraye un chemin dans les schémas culturels, la connaissance charnelle offre une inépuisable matière à réflexion, surtout lorsqu’elle apparaît sous forme de narration : plaisanteries salaces, vantardise masculine, potins de femmes, chansons grivoises et romans érotiques. Le sexe n’y est pas seulement...
LE LIVRE
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Romans libertins du XVIIIe siècle de Raymond Trousson, Robert Laffont

ARTICLE ISSU DU N°28

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