Publié dans le magazine Books n° 99, juillet/août 2019. Par William Finnegan.
Aux États-Unis, la saison des incendies dure désormais jusqu’en décembre, et les superficies détruites ont doublé en trente ans. En cause, le changement climatique et une gestion erratique du domaine forestier. Plus inquiétant encore, les forêts s’embrasent dans les régions boréales du Canada et de la Russie.
Dans l’extrême nord-ouest de Los Angeles, où j’ai grandi, les feux de forêt survenaient à la fin de l’été. Nous vivions dans un nouveau lotissement et juste derrière notre maison commençaient les montagnes grillées par le soleil. Quand les pompiers installaient leur base arrière dans notre rue, nous arrosions notre toiture en bardeaux avec la lance d’incendie. Notre quartier n’a jamais brûlé, mais c’est arrivé à d’autres. Lors de l’incendie de Bel Air en 1961, quelque 500 maisons furent réduites en cendres, parmi lesquelles celles de Burt Lancaster et de Zsa Zsa Gábor. Nous habitions en zone périurbaine, dans ce qu’on appelle aujourd’hui l’interface habitat-forêt. De nouveaux lotissements sortirent de terre plus loin, et pour ma famille le risque d’incendie s’éloigna.
Des dizaines de millions d’Américains vivent aujourd’hui dans ces zones exposées au feu, et le risque s’est considérablement aggravé pour toute une série de raisons politiques et environnementales. À Los Angeles, la saison des feux dure désormais jusqu’en décembre, comme on a pu le voir en 2017
[et 2018] dans...