Publié dans le magazine Books n° 99, juillet/août 2019. Par Rachel Ehrenberg.
Si surprenant que cela paraisse, l’arbre résiste à toutes les tentatives de définition. Ni sa longévité, ni sa taille, ni son bois, ni ses gènes ne confèrent une spécificité à cette plante dont l’originalité nous semble pourtant si évidente.
Il y a quelques années, après le dîner de Thanksgiving chez mes parents, dans le Vermont, la foudre s’abattit sur un érable du jardin. On entendit un gros craquement et, l’espace d’un instant, il fit clair comme en plein jour. Ce n’est qu’au printemps que nous eûmes la certitude que l’arbre était mort.
C’était un jeune érable dont le tronc avait le diamètre d’une assiette à dessert. Si son existence n’avait pas été écourtée par la catastrophe, il aurait pu vivre trois cents ans. Mais la mort accidentelle est fréquente chez les arbres. Elle résulte parfois d’une erreur humaine tragique, comme pour ce cyprès de Louisiane âgé de 3 500 ans qui fut détruit en 2012 dans un incendie volontaire. Mais la cause est le plus souvent un phénomène météorologique extrême : sécheresse, vent, incendie ou gel. Les arbres sont aussi, bien sûr, exposés aux parasites et aux maladies : les champignons lignivores peuvent considérablement écourter leur existence. Mais ceux qui parviennent à éviter tous ces dangers sont susceptibles de vivre incroyablement vieux.