Pourquoi les universités américaines sont les meilleures
Publié dans le magazine Books n° 111, octobre 2020. Par David Labaree.
Elles occupent les premières places des classements internationaux, accumulent les prix Nobel et affichent une richesse insolente. À l’origine de leur succès, la compétition entre les spéculateurs fonciers de la « Frontière » au cours du xixe siècle. Et un farouche esprit d’entreprise.
Les universités avaient compris qu’elles devaient offrir aux étudiants de multiples occasions de socialiser. Ici les membres d'une fraternité du Colorado College, dans le Midwest, en 1895.
Aux yeux d’un étranger de passage, le système d’enseignement supérieur américain était au XIXe siècle une vaste fumisterie. Ce n’était guère qu’un ensemble disparate d’établissements disséminés dans la campagne qui se donnaient le nom d’universités. Ce système sous-doté – qui dispensait un enseignement de piètre qualité, était implanté dans de petites localités le long de la Frontière et n’avait pas de véritable fonction sociale – semblait condamné à l’insignifiance. À partir de la seconde moitié du XXe siècle, il allait pourtant occuper une position dominante sur le marché mondial de l’enseignement supérieur et accumuler plus de richesses, produire plus de savoir, récolter plus de prix Nobel et attirer plus d’étudiants et d’enseignants qu’aucun autre. Les universités américaines occupent aujourd’hui le haut des classements internationaux.
Comment cette transformation spectaculaire a-t-elle pu avoir lieu ? Tout ce qui handicapait le système au XIXe siècle a fait sa force au...